C’est à cause de la pluie
La philosophie du vigneron : l’homme par qui le terroir se fait vin.
Certains jours, la pluie ne vous dérange pas. Dans une année “normale”, cela aurait été le week-end des célèbres “Caves Ouvertes” suisses, lorsque les vignobles ouvrent les portes de leurs caves et que l’on peut se promener de cave en cave, au milieu de la musique, de la gastronomie et autres festivités. Chaque canton prend un week-end, et celui-ci était programmé pour être le tour de Genève. Mais en ces temps de COVID-19, l’événement a été annulé, et les rues étaient vides. Peut-être que le temps aurait littéralement mis un frein à tout.
Refusant de se laisser abattre, une initiative locale a été lancée pour encourager les caves à ouvrir leurs portes tous les samedis pendant plusieurs semaines, afin d’offrir une sorte de “caves-ouvertes” à la manière de Covid, sans foule, sans fanfare, mais avec la même passion de tant de vignerons pour leur métier.
Les rues étaient peut-être désertes mais les caves ne l’étaient pas, du moins pas au Domaine les Hutins, situé à la périphérie de la ville, dans la commune viticole de Dardagny. Nous avons même dû attendre notre tour à l’extérieur, mais nous avions le temps. Avec 15 cépages différents, rouge, blanc, rosé, pétillant et même une eau de vie, il vaut mieux ne pas être trop pressé.
Ce domaine familial de 20 hectares appartient à la même famille depuis plusieurs générations et, fait depuis quelques année une transition vers des vins biologiques et biodynamiques grâce à la volonté de la viticultrice actuelle, Emilienne Hutin Zumbach. Elle s’amuse à expérimenter des vins “naturels”. Je dis “naturel” entre guillemets car il n’existe actuellement aucune législation sur ce que cela signifie réellement, mais ici cela signifie le moins d’intervention possible et, surtout, pas de sulfites ajoutés.
Et cela change vraiment la donne. Pour le prouver, nous avons essayé leur Savagnin Rose (un autre nom pour le Gewürztraminer – vraiment très surprenant) à travers une série de styles – l’original (biologique), le “naturel”, mis en bouteille l’année dernière, et le plus récent “naturel” directement de la cuve.
Un cépage, une méthode, trois vins complètement différents. L’original à un bouquet d’arômes litchis, cela frappe en bouche et se fond ensuite dans des saveurs fruitées et florales pour un final intéressant. Les “naturels”, en revanche, n’ont rien à voir avec l’original et ne se ressemblent pas beaucoup. Les litchis sont beaucoup plus subtils, et il y a des notes terreuses. Différent, mais toujours très agréable.
Les Hutins sont dans la même famille depuis plus de 120 ans maintenant, et sont actuellement gérés par Émilienne et son fils Guillaume.
Les cépages font partie des anciens favoris suisses : garanoir (un croisement entre le gamay et le pinot noir), gamaret (cabernet et gamay), chasselas (mon préféré), ainsi que des cépages plus internationaux comme le gamay, le pinot noir, le merlot, le chardonnay, le pinot blanc, le viognier, le pinot gris…
Nous en avons essayé trop pour les citer (ou nous en souvenir !), mais le Chardonnay Barrique (ooh tant de chêne !), le Merlot (très facile), le Viognier, le Chasselas Bertholier (un Chasselas classique, léger et fruité).
J’admets que nous n’arrivons pas à maîtriser les 15 cépages, ni tous leurs styles de vin, mais cela signifie simplement qu’une deuxième visite s’impose. Peut-être lorsque le soleil sera de la partie et que nous pourrons nous promener parmi les vignes dans la charmante campagne bordant Genève. L’un des secrets les mieux gardés de la ville.
