C’était un bel après-midi d’automne. J’ai lentement guidé ma voiture jusqu’en haut de l’allée rocheuse et escarpée pour pouvoir arriver au vignoble. Je pensais bien plus à l’inévitable descente, sur le chemin du retour, qu’à ce qui m’attendait au bout de cette allée. Ce fut une arrivée pas comme les autres et je fus heureuse de me retrouver assise devant la vue qui s’offrait à moi.

Puis deux chiens noirs sont arrivés joyeusement vers moi, suivis de Richard, le propriétaire du vignoble, qui m’a accueillie chez lui, dans ce coin typique de la Provence que je découvrais.

« Ça étonne les gens que je sois si heureux. » m’a-t-il fait remarquer quelques jours plus tard, alors que je considérai mon départ avec tristesse.

« Mais j’adore ma vie. Il faut faire ce que l’on aime, et puis tout le reste suit. »

Qui ne serait pas heureux, de vivre entouré par tant de beauté, par cette lumière apaisante, ces couleurs chaudes qui pénètrent l’âme, ces maisons en pierre et ce terroir rocheux aux pentes douces. La flèche d’une église se dresse devant nous, au loin, et puis on aperçoit des vignes à perte de vue. Le vignoble, avec ses 10 hectares de vignes, se situe en face des Dentelles de Montmirail, et l’on peut passer des heures à admirer la vue, en prenant des milliers de photos du coucher de soleil.

Bienvenue à Suzette, un petit village provençal dans la vallée du Rhône, à deux pas de Beaumes-de-Venise. Le terrain rocailleux, avec ses marnes calcaires et argileuses, et ses galets roulés, et son climat méditerranéen donnent naissance aux vins des appellations Beaumes-de-Venise, Côtes-du-Rhône, Gigondas ou encore Ventoux. Les cépages typiques sont les « GSM » (grenache, syrah, mourvèdre), aux parfums riches, ronds, fruités et ensoleillés. Pourtant, ce sont des blancs, moins connus, que je suis tombée amoureuse. Viognier, grenache blanc, clairette, roussanne, marsanne et bourboulenc, pour en nommer quelques-uns, qui sont presque aussi gourmands que les rouges, avec des arômes de fruits exotiques comme l’ananas ou encore des fruits à noyaux tels que la pêche. La région produit aussi le muscat de Beaumes-de-Venise, un vin doux créé avec le cépage muscat petits grains qui donne également un bon vin fruité et sec.

Souhaitant me faire une véritable idée de la vie sur une exploitation viticole, j’ai bien choisi mon hébergement. Situé juste au-dessus du village se trouve la chambre d’hôtes et l’entreprise viticole, Demoiselle Suzette. Richard, le propriétaire, est un homme aux multiples talents. Aussi chaleureux et accueillant que le paysage alentour, il gère ses 10 hectares seul, mais, seul, il ne l’est jamais. Sa maison est toujours emplie du brouhaha joyeux des invités et visiteurs, en train de déguster le fruit de son travail, et non sans me rappeler le livre Une année en Provence dans lequel du monde passe souvent sans que rien ne soit jamais une complication, et où le soleil est toujours au rendez-vous.

Toutefois, le travail d’un vigneron est quelque chose de bien plus sérieux. Comme pour de nombreux domaines en France, ou ailleurs, n’ayant qu’un seul exploitant, prendre des vacances est rare, car les vignes ont toujours besoin de soins. Et si ce ne sont pas les vignes, c’est la cave ou le processus de vinification qui méritent votre attention. De la vigne à la bouteille, ça ne s’arrête jamais.

Après avoir eu un avant-goût du domaine sur la terrasse qui surplombe les vignes, tout en discutant avec d’autres hôtes, je me suis décidée à faire la fameuse balade jusqu’au sommet d’à côté.

Les chiens, fidèles et énergiques, m’ont conduite à travers les vignes et la forêt jusqu’à un poste d’observation, offrant des vues encore plus spectaculaires sur la chaîne de montagnes, les pentes douces et vignobles en contrebas. Je me suis retrouvée là en pleine pandémie, alors qu’il n’y avait presque personne et je me suis demandé ce qu’il en serait au mois de juillet… Tant ce lieu est facile d’accès, tant il est beau et tant ses vues et ses paysages sont dignes d’une carte postale.

Qu’il s’agisse de se prélasser au bord d’une piscine ou de faire l’ascension à vélo du Mont Ventoux, tout proche, cet endroit est idéal pour quiconque a besoin de faire le vide dans son esprit, de ne plus penser à sa liste de choses à faire, et de respirer l’énergie enivrante que la nature a à offrir. Et il ne s’agit pas que de vignobles, bien que nombreux ; le site offre des champs de lavande à contempler, des montagnes à gravir à pied ou à vélo, des villages et des monuments anciens où se promener, des rivières et des lacs dans lesquels se baigner et un soleil toujours présent. Venez en automne, comme je l’ai fait, lorsque les visiteurs sont en moindre nombre et que les couleurs… Oh, ces couleurs… dont vous ne pourrez détacher vos yeux.

Où :
Le Luberon. J’ai dormi à Suzette qui est à environ 40 minutes en voiture d’Avignon. Voiture conseillée.

Que faire :
Pour ceux qui cherchent à éliminer, après avoir un peu trop profité du fromage, du vin et autres gourmandises, faites l’ascension du Mont Ventoux à vélo. 1 500 m de dénivelé sur 20 km, et de superbes vues une fois en haut.

Où dormir :
Demoiselle Suzette

Vous trouverez d’autres bonnes options dans la région sur le site web de Chambre d’hôtes.

Notes de dégustation :
Délice des sens (blanc) : un assemblage de grenache blanc et viognier, ce blanc riche est un feu d’artifice de fruits exotiques tels que l’ananas et la pêche. Un de mes préférés.
Beaumes-de-Venise (rouge) : riche, fruité et ensoleillé. Un peu lourd (pour moi). Je vous conseille de le boire avec un bon repas.