50 nuances de Gamay
À la rencontre d’une nouvelle génération de vignerons, prometteurs de nouvelles appellations dans le Beaujolais.
Le Beaujolais est parfois considéré comme le parent pauvre de la Bourgogne voisine, certainement depuis que son cépage dominant, le gamay, a été bafoué par le duc de Bourgogne et banni de la région au XIVe siècle. Mais ces dernières années, la région a amélioré sa qualité et son image, et a permis à certains de ses joyaux de briller.
Le Gamay est vraiment le cépage du Beaujolais. Environ 98 % de la production mondiale se trouve dans la région, c’est le seul cépage rouge autorisé sous cette appellation. Pourtant, les vins sont remarquablement diversifiés pour une ville avec un cépage unique.
Un peu d’histoire
Le Beaujolais est aussi un exemple insolent d’un marketing assez habile, avec son “Beaujolais nouveau”. Tout a commencé en 1951, lorsque les autorités ont annoncé que les vignerons n’étaient pas autorisés à vendre leur vin avant le 15 décembre, après les vendanges effectuées quelques mois plus tôt. Le gamay est le type de raisin qui se prête à une vinification brève, ce qui a contrarié les viticulteurs du Beaujolais qui ont exigé de pouvoir vendre plus tôt. Finalement, en 1985, le troisième jeudi de novembre a été fixé comme la première date pour le Beaujolais, ce qui a donné naissance au “Beaujolais nouveau”, un événement festif organisé dans le monde entier pour célébrer les premiers vins de l’année. Les ventes et la notoriété ont alors grimpé en flèche.
Au fil du temps, cependant, l’image du Beaujolais a évolué dans le sens inverse, certains vignerons ayant pris des raccourcis pour profiter de la ruée vers l’or, avec pour résultat un trop grand nombre de têtes douloureuses le lendemain. Aujourd’hui les choses ont quelque peu changé, car de plus en plus de gens découvrent que le Beaujolais est bien plus que son “nouveau” (bien plus !) et que son “nouveau” peut être étonnamment bon.
Nouvelle génération de vignerons
De plus en plus de vignerons se tournent vers des méthodes viticoles biologiques, voire biodynamique, reconnaissant et démontrant que si l’on travaille en harmonie avec la nature, tout le monde est gagnant.
C’est en tout cas l’approche du jeune et ambitieux vigneron Frederic Berne.
Son domaine de 14 hectares a pour toile de fond le magnifique paysage du Beaujolais, avec des collines ondulées couvertes de vignes à perte de vue. Comme tous les vignobles biodynamiques, son sol “vivant”, soigneusement entretenu, est dépourvu de pesticides et riche en minéraux naturels et en biodiversité. Sa philosophie consiste à créer des vins à déguster qui ne compromettent pas notre environnement et l’avenir de nos enfants.
Passionné non seulement par le Beaujolais mais aussi par Lantignié, le “terroir” où il est installé, il a même créé sa propre appellation (non officielle), afin de promouvoir les qualités et les saveurs qui lui sont propres.
J’ai choisi la version longue de ses visites de vignobles, qui était vraiment une conversation passionnante de deux heures, à la fois dans les vignes et dans la cave, où il a partagé sa passion, ses connaissances et sa philosophie de la vinification, suivie d’une dégustation. Ses vins sont composés d’appellations telles que Beaujolais, Beaujolais Villages et certains des 10 “crus” du Beaujolais, comme Regnié. Il en a également labellisé Lantignié, qui n’est pas (encore) l’un d’entre eux, mais la ferveur avec laquelle Fréderic a parlé de son association avec les vignerons des environs et ses projets ambitieux pour la région me font penser que c’est un domaine qui vaut la peine. La sélection que nous avons dégusté était un exemple intéressant de la façon dont le même cépage et les mêmes méthodes de vinification peuvent produire des vins complètement différents selon la parcelle de sol dans laquelle les vignes sont cultivées.
Où séjourner :
Quincié-en-Beaujolais :
J’ai séjourné dans un studio propre et moderne au Domaine des Coteaux de Romarand pour environ 55 euros la nuit. Non bio, mais avec respectueux de l’environnement et un accueil chaleureux, il est tenu par les très « terre à terre” Claudette et Patrick qui vous présenteront volontiers le fruit de leur travail. Il est bien situé hors des sentiers battus, dans un petit hameau appelé Romarand, avec de belles promenades dans les vignobles aux alentours. Leur vin est simple et joyeux, et bon marché !
Réservez par Airbnb ici.
À faire :
J’ai réservé ma visite du domaine de Frederic Berne sur www.ruedesvignerons.com, où vous pouvez trouver d’autres visites de vignobles dans la région.
Si vous cherchez un moyen de terminer la journée, rendez-vous au Mont Chiroubles tout proche pour une vue panoramique sur la vallée viticole en contrebas.
Notes de dégustation
Frederic Berne Beaujolais Lantigné Harmonie 2019 : Ce 100% gamay assemblage de différentes parcelles, est mon avis son meilleur, étant doux et rond, il conserve son fruit. Conservons-en un il sera sûrement meilleur dans une dizaine d’années.
Frederic Berne Regnié ‘aux Bruyeres’ 2019 : frais et fruité, avec des notes claires du sol de granit rose dans lequel il est cultivé, avec une belle structure. Encore un à garder pendant quelques années.